Lakhinta

Cryptococcose :

1-Définition :

C’est une mycose opportuniste profonde et cosmopolite, due à une levure encapsulée présente dans l’environnement : Cryptococcus neoformans.

2-Classification de l’agent pathogène :

Règne : Fungi. / Embranchement : Deuteromycotina. / Classe : Blastomycètes. /Genre :

Cryptococcus.

Espèce : – Complexe neoformans (Chez l’immunodéprimé surtout).

– Complexe gattii (Chez l’Immunocompétant, plus rare).

Remarque : On distingue de nombreux stéréotypes/génotypes pour ces deux complexes.

3-Morphologie :

C’est une levure se présentant sous une forme ovalaire, douée d’une capsule polysacharidique épaisse (Virulence) et qui se multiplient par bourgeonnement.

Cette capsule est mise en évidence par l’examen à l’encre de Chine.

4-Biologie :

Ce champignon est répandu dans l’air, sur les fruits, les plantes, le lait de vache, les fientes d’oiseaux (+++)… C’est un endosaprophyte vivant dans le jabot de pigeon, et un exosaprophyte au niveau des fientes.

Il a un tropisme majeur pour le système nerveux central. Elle peut oxyder les substrats (Dopa, dopamine) des tissus, principalement le cerveau, en mélanine, accentuant sa virulence.

5-Transmission :

  • Par voie aérienne (inhalation de levures).
  • Par voie digestive (mains sales, eau, aliments souillés par les fientes d’oiseaux).

6-Facteurs de risque :

La cryptococcose survient surtout sur un terrain affaibli (Immunodépression) :

  • Hémopathies malignes.
  • Cancers, tuberculose, VIH (++ Fait partie des affections définissant le stade du SIDA, c’est en effet la 2ème infection opportuniste fatale après la tuberculose) ….
  • Antibiothérapie, corticothérapie, transplantation d’organes…

7-Clinique :

a.Atteinte pulmonaire : syndrome grippal à guérison spontannée. Le téléthorax montre des opacités parenchymateuses bilatérales et des adénopathies médiastinales.

b.Atteinte neuro-méningée : se traduit par un tableau de méningo-encéphalite (Céphalée résistante aux antalgiques, raideur de la nuque, vomissement, vertiges…), s’ensuit la mort en quelques mois. A l’examen du fond de l’œil on retrouve un œdème papillaire et au scanner/IRM un abcès cérébral. Cette forme se voit principalement lors du SIDA.

c.Atteinte cutanée : pustule acnéiforme au niveau du visage et des extrémités.

d.Atteinte disséminée : chez les immunodéprimés : septicémies, atteintes oculaires, osseuses ou prostatiques.

8-Diagnostic :

Les prélèvements dépendant du tableau clinique (Urines, LBA, liquide de drainage (Pus par exemple), expectorations, sang, biopsie…), mais le LCR est le prélèvement de choix.

Le diagnostic repose principalement sur la mise en évidence dans les prélèvements du champignon à l’examen direct après coloration à l’encre de chine. Celui-ci montre des levures sphériques entourées d’un halo clair sur fond noir, qui correspond à la capsule qui ne se colore pas. La culture se fait sur milieu Sabouraud à 37°C + Chloramphénicol (Sans Actidione, Cryptococcus étant sensible à ce dernier), et est indispensable pour l’identification de l’espèce. Les colonies sont d’aspect coulant, de couleur beige.

9-Traitement :

Le traitement repose sur l’Amphotéricine B (Fungizone) et la fluorocytosine (Ancotil) en cas d’atteinte méningée, suivie d’une prophylaxie au Fluconazole. Dons les lésions extra-méningées, le traitement repose sur le Fluconazole.

Les lésions de grandes tailles au niveau pulmonaire/cérébral résistantes au traitement antifongique doivent être traitées chirurgicalement.

Pneumocystose :

1-Définition :

C’est une mycose pulmonaire opportuniste cosmopolite et strictement humaine due à

Pneumocystis carinii, actuellement appelé Pneumocystis jirovecii.

Elle concerne les immunodéprimés dont le taux de CD4 est inférieur à 200 élements/mm3.

2-Classification :

Il était autrefois classé parmi les protozoaires.

Règne : Fungi. / Embranchement : Ascomyctoina. / Classe : Ascomycètes. / Genre :

Pneumocystis. / Espèce : jirovecii.

3-Morphologie :

Il se développe dans les alvéoles pulmonaires et est extracellulaire. Il se présente sous 5 aspects :

    • Trophozoïte : Forme végétative à cytoplasme granuleux.
    • Pré-kyste : Riche en vacuoles et granules.
    • Kyste mûr à 8 spores : A paroi épaisse est cytoplasme renfermant des vacuoles et des granules.
    • Corps intra-kystique.
    • Kyste vide.

Celui-ci présente un cycle de vie (Comme les parasites) encore mal connu, et la forme infestante est elle aussi inconnue (Spore ou kyste ?)…(1)

Cycle proposé :

(A apprendre)

4-Transmission :

  • Par voie aérienne à partir du milieu extérieur.
  • La contamination interhumaine est possible.
  • Un portage sain chez les patients sans facteurs de risque est possible.

5-Clinique :

Après une incubation de 25 à 72 jours, le début correspond à une atteinte pulmonaire à début progressif : Toux quinteuse, fièvre, dyspnée, possibilité de pneumothorax… En absence de traitement, l’évolution se fait vers une insuffisance respiratoire aiguë puis la mort.

A la radiologie, les images sont non spécifiques, on retrouve une pneumopathie interstitielle ou alvéolaire unilatérale parfois systématisée à un segment/lobe ou bilatérale évoluant vers un aspect de poumon blanc (Aspect en verre dépoli).

Les formes extra-pulmonaires sont rares et sont provoquées par une dissémination du champignon par voie sanguine. Tous les organes peuvent être atteints mais la localisation splénique est la plus fréquente.

6-Diagnostic :

Le diagnostic repose sur la mise en évidence du champignon ou de son ADN dans le LBA (+++), mais aussi les crachats et les prélèvements de biopsie.

A l’examen direct on recherche :

    • Les kystes (Sporocystes) : Par coloration argentique (Gomori Grocott) ou au bleu de toluidine, ou encre par immuno-fluorescence direct.
    • Les formes végétatives (Spores) et les corps intrakystiques : Par coloration au Giemsa ou MGG.

La sérologie est utilisée pour les enquêtes épidémiologiques.

La biologique moléculaire, au niveau du LBA, mais aussi dans le sang pour les formes extra- pulmonaires, à la recherche de l’ADN du champignon.

7-Traitement et prévention :

Repose principalement sur le Cotrimoxazole (Bactrim fort), celui-ci peut être utilisé comme chimioprophylaxie chez les personnes à risque. La pentamidine peut être utilisée comme alternative en cas d’allergie au Bactrim.

Microsporidiose :

1-Définition :

Ce sont des infections opportunistes dues à des champignons parasites intracellulaires obligatoires, les microsporidies. Ils parasitent de nombreux invertébrés et vertébrés dont l’homme, principalement associé au SIDA.

Actuellement, elles sont de plus en plus identifiées chez des patients présentant d’autres formes d’immunodépression.

2-Classification :

Il était autrefois classé parmi les protozoaires.

Règne : Fungi. / Division : Microsporidiomycota. / Ordre : Microsporidia. / Genre : 150 genres, dont 8 chez l’homme, les plus importants étant Enterocytozoon et Encephalitozoon.

Espèce : La plus importante étant Enterocytozoon bieneusi (90% des microsporidioses humaines), mais on peut aussi citer Encephalitozoon intestinalis et Encephalitozoon cuniculi.

3-Morphologie :

Les microsporidies présentent une forme de résistance et de dissémination, la spore, qui est la forme infestante du champignon. Ce sont des éléments unicellulaires protégés par des parois (Protéines + Chitine) à développement intracellulaire obligatoire.

4-Transmission :

    • Voie orale (Mains sales, eau, aliments).
    • Voie respiratoire (Crudités mal lavées).
    • Voie oculaire (Traumatisme).

Les microsporidies sont éliminées dans l’environnement par les selles, les urines et les sécrétions respiratoires.

5-Clinique :

Ces infections touchent surtout les immunodéprimés (Sida ++). La localisation intestinale est plus fréquente, due à Enterocytozoon bieneusi, plus rarement Encephalitozoon intestinalis. Elles entraînant une atrophie villositaire provoquant un syndrome de malabsorption.

Le tableau clinique se traduit donc par une diarrhée chronique profuse (6-17 fois/jour), l’envahissement des voies biliaires par contigüité est possible. Le développement d’une cholangite sclérosante (Inflammation fibrosante des voies biliaires) est donc possible avec douleurs épigastriques, nausées, vomissement, amaigrissement et anorexie.

Des cas de microsporidiose intestinales ont été rapportés chez les Immunocompétant, et le portage asymptomatique fécal est également possible.

6-Diagnostic :

Il repose sur la mise en évidence de spores extracellulaires dans les liquides biologiques : Selles, liquide duodénal, bile, urines, sécrétions nasales, sinusales, pleurales, LBA, grattage cornéen…

La coloration au Trichrome de Weber est la technique de référence pour montrer les spores. On peut également utiliser les techniques d’immunofluorescence indirect, ou un composé fluoresçant colorant spécifiquement la paroi.

La biologique moléculaire (PCR) permet d’identifier l’espèce, dont dépendra le choix du traitement.

7-Traitement :

Décevant, la rechute se voyant dès l’arrêt de celui-ci.

    • Albendazole (Zentel) : Efficace contre Encephalitozoon intestinalis, mais non pas sur Enterocytozoon bieneusi.
    • Fumagalline : Utilisé en topique dans les kératoconjonctivite.

Le traitement cible plutôt la cause de l’immunodépression (Trithérapie pour le VIH par exemple), permettant de lutter contre les maladies opportunistes.

8-Prophylaxie :

Il n’y a pas de chimioprophylaxie, la prévention se basant plutôt sur les règles hygiéno-diététiques.

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