Mezghiche 2017-2018

Université d’Alger I Benyoucef BENKHEDDA

Faculté de Médecine

Département de Médecine

Troisième année

Module de Parasitologie-Mycologie

CANDIDOSES

 

I.DÉFINITION

Les candidoses sont des mycoses superficielles et profondes dues à une levure du genre Candida.

II.AGENT PATHOGÈNE

Règne Fungi (Champignons)
Division Ascomycota (Ascomycètes)
Genre Candida
Espèces albicans, dubliniensis, glabrata, guillermondii, krusei, lusitaniae, parapsilosis,

pseudotropicalis, stellatoidea, tropicalis, zeylanoides, etc.

Les Candida sont des levures saprophytes ou commensales de la peau et des muqueuses, produisant un pseudo ou un vrai mycélium et se reproduisant par bourgeonnement. Le thalle est réduit à l’état unicellulaire.

Elles présentent des bourgeons caractéristiques appelés blastospores et à l’extrémité des filaments mycéliens des cellules arrondies appelées chlamydospores.

Il existe plusieurs espèces mais la plus fréquemment isolée est Candida albicans. Les voies de contamination sont :

  • endogène : à partir de la flore buccale, de la peau, du tube digestif, du vagin ou des voies urinaires ;
  • exogène : air, matériel médical souillé (sondes, cathéters, prothèses, etc.), etc. ;
  • sexuelle ;
  • contact du nouveau-né ou du nourrisson avec la mère infectée.

III.FACTEURS FAVORISANTS

1.Facteurs locaux

  • Humidité et macération : ménagères, plongeurs, obèses, hyperhydrose (transpiration excessive), hygiène défectueuse et port de vêtements ou de chaussures occlusifs de nature synthétique.
  • Modification du pH cutané : manque d’hygiène, usage d’un savon acide agressif ou d’une solution antiseptique sur la peau ou les muqueuses.
  • Contact avec un milieu riche en sucres : pâtissiers.

2.Facteurs généraux

  • Physiologiques : atteinte buccale chez les nourrissons et les sujets âgés et atteinte vaginale en cas de grossesse et de ménopause.
  • Pathologiques : déséquilibres hormonaux (diabète, hypo et hyperthyroïdie), déficits immunitaires importants (SIDA, cancers, leucémies, lymphomes, etc.), tuberculose, etc.
  • Iatrogènes : antibiothérapie, corticothérapie, chimiothérapie, cytotoxiques, antimitotiques, contraceptifs oraux, agressions chirurgicales (greffes d’organes, chirurgies cardio-vasculaire ou digestive, pose de cathéters, de prothèses ou de sondes), etc.

IV.RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Cosmopolites.

V.ÉTUDE CLINIQUE

1.Candidoses superficielles

1.1Candidoses de la peau et des phanères

1.1.1Candidoses cutanées

  • Intertrigos des grands plis : siégeant au niveau des plis inguinaux, axillaires, sous-mammaires et inter-fessier. Particulièrement fréquents chez les obèses, les diabétiques et les sujets ayant une sudation exagérée. La lésion débute au fond du pli cutané qui est recouvert d’un enduit blanchâtre puis s’étend. Elle est luisante, prurigineuse, de surface rouge vif, suintante et à contours dentelés.
  • Intertrigos des petits plis : siégeant au niveau des espaces interdigitaux et inter-orteils et de la région rétro-auriculaire. Favorisés par des facteurs vestimentaires et professionnels. Au niveau des mains, la lésion a l’aspect d’une desquamation prurigineuse qui s’étend. Au niveau des pieds, elle est prurigineuse et d’aspect macéré blanchâtre et s’étend aussi.

1.1.2Candidoses unguéales ou onychomycoses

Onyxis et périonyxis : siégeant au niveau des doigts et rarement au niveau des orteils. Fréquents chez la femme et favorisés par des facteurs professionnels, esthétiques, pathologiques et des microtraumatismes. L’affection débute par une inflammation péri- unguéale qui réalise un périonyxis subaigu sous forme d’un bourrelet rouge et douloureux. L’ongle n’est atteint que secondairement, il devient rugueux, strié et brunâtre, pouvant s’accompagner de son décollement (onychodystrophie). La lésion peut s’étendre aux autres ongles de la main.

1.2Candidoses des muqueuses

1.2.1Candidoses buccales et péribuccales

  • Muguet : fréquent chez les nouveau-nés, les prématurés et les sidéens. Se traduisant par un semi de taches granulaires blanchâtres sur une base érythémateuse sèche et douloureuse, siégeant au niveau de la langue et pouvant s’étendre à la face interne des joues, aux gencives, au voile du palais et dans certains cas au pharynx. Il est souvent associé à la perlèche.
  • Perlèche : fréquente chez les enfants, les édentés et les porteurs de dentiers. Se traduisant par un intertrigo éryhthémato-fissuraire et croûteux des commissures labiales.
  • Stomatites et glossites ou langue noire villeuse : l’enduit blanchâtre classique est remplacé par un dépôt brun parfois noir avec une altération du goût et une sensation de sècheresse de la bouche.

1.2.2Candidoses ano-génitales

  • Vulvo-vaginite : favorisée par le diabète, la grossesse, la prise d’œstro-progestatifs et l’abus de savon à pH acide. Se traduisant par un prurit vulvaire intense, des brûlures, une dyspareunie, des leucorrhées blanchâtres ou séreuses abondantes et à l’examen clinique par une vulvite érythémateuse diffuse au niveau du vagin et du col utérin avec des dépôts granuleux blanchâtres.
  • Balanite : plus fréquente chez les non circoncis. La contamination est vénérienne par une partenaire diabétique et atteinte d’une candidose génitale. Se traduisant par une

inflammation du gland qui devient rouge, luisant et vernissé avec un dépôt crémeux blanchâtre.

  • Anite et périanite : se traduisant par une inflammation de la marge anale. La lésion est érythémateuse, prurigineuse avec un enduit blanchâtre.

1.2.3Candidoses digestives

  • Candidoses œsophagiennes : fréquentes chez les sidéens, c’est une complication de l’atteinte buccale. Se traduisant par une dysphagie et une sensation de brûlure rétro-sternale ou pyrosis.
  • Candidoses gastriques : se traduisant par des brûlures gastriques et des vomissements.
  • Candidoses intestinales : se traduisant par un tableau de gastro-entérite aiguë, une atteinte colique et des douleurs abdominales diffuses et spontanées.

2.Candidoses profondes, systémiques ou invasives

Très fréquentes en milieu hospitalier et souvent à point de départ exogène (sonde, cathéter, prothèse, etc.)

  • Candidose profonde : atteinte d’un seul site stérile avec ou sans septicémie à Candida.
  • Candidose disséminée : septicémie à Candida compliquée d’une atteinte d’au moins 2 organes ou sites stériles non contiguës.

Septicémie à Candida : tableau clinique d’une septicémie non spécifique avec fièvre élevée et prolongée rebelle aux antibiotiques, frissons et troubles cardiovasculaires. Complications : respiratoire (laryngite et bronchite), cardiaque (endocardite), rénale, nerveuse (méningite), ostéo-articulaire, hépato-splénique et oculaire.

3.Autres candidoses

  • Candidoses cutanéo-muqueuses chroniques.
  • Candidoses des héroïnomanes.
  • Candidoses auriculaires ou otomycoses.
  • Candidoses allergiques.

VI.DIAGNOSTIC DU LABORATOIRE

  • Prélèvement : squames, ongles, cuir chevelu, pus, écouvillonnage buccal ou génital, selles, urines, sang, liquide céphalorachidien, liquide de lavage broncho-alvéolaire, liquide de dialyse péritonéale et biopsies.
  • Examen direct : mise en évidence de levures rondes ou ovales abondantes et bourgeonnantes associées à des pseudos ou à des vrais filaments mycéliens.
  • Isolement : culture sur milieux Sabouraud + Chloramphénicol ou Sabouraud + Actidione + Chloramphénicol. Les colonies sont blanches et crémeuses.
  • Identification : – Culture sur milieu Sabouraud (production de blastospores associées à un pseudo-mycélium, caractérisant le genre Candida) puis repiquage sur milieux PCB ou Rice cream (production de chlamydospores associées à un pseudo ou à un vrai mycélium, caractérisant l’espèce Candida albicans).
    • Filamentation dans le sérum ou Test de Blastèse : permet l’identification rapide de l’espèce Candida albicans, basée sur la rapide germination des levures par la formation d’un filament ou tube germinatif dans du sérum animal ou humain.
    • Auxanogramme : pour connaître l’assimilation des sucres.
    • Zymogramme : pour connaître la fermentation des sucres.
  • Hémoculture : examen clé dans le diagnostic des candidoses systémiques mais il manque de sensibilité.
  • Examen indirect : recherche d’anticorps ou d’antigènes circulants par différentes techniques immunologiques pour le diagnostic des candidoses profondes.
  • Examen anatomopathologique : mise en évidence de levures dans les tissus (biopsies et pièces d’exérèse chirurgicale) après coloration (PAS et Gomori-Grocott).
  • Pouvoir pathogène pour les animaux : inoculation au lapin, animal de choix car le plus sensible, ou bien à d’autres animaux tels que la souris et le rat.
  • Imagerie médicale : radiographie, scanner et IRM.
  • Test de sensibilité cutanée à la candidine : peut avoir une certaine valeur dans quelques manifestations allergiques (eczéma, asthme, urticaire, etc.) mais n’a pas un grand intérêt.

VII.TRAITEMENTS

1.Candidoses superficielles (traitement local)

1.1Candidoses cutanées

  • Kétoconazole (Kétoderm®).
  • Econazole (Pevaryl®).
  • Isconazole (Fazol®).
  • Miconazole (Daktarin®).

1.2Candidoses unguéales

  • Fluconazole (Diflucan®).
  • Kétoconazole (Kétoderm®).
  • Terbinafine (Lamisil®).

1.3Candidoses oro-pharyngées ou bucco-digestives

  • Mycostatine (Nystatine®).
  • Amphotéricine B (Fungizone®).
  • Miconazole (Daktarin®).
  • Fluconazole (Triflucan®) comme traitement systémique chez les patients immunodéprimés.

1.4Candidoses génitales

  • Mycostatine (Nystatine®).
  • Amphotéricine B (Fungizone®).
  • Miconazole (Daktarin®).
  • Traitement du ou des partenaires.

2.Candidoses profondes (traitement systémique)

  • Amphotéricine B (Fungizone®) + Flucytosine ou 5-fluorocytosine (Ancotil®).
  • Fluconazole (Triflucan®).
  • Itraconazole (Sporanox®).
  • Voriconazole (Vfend®).
  • Caspofungine (Cancidas®).

 

 

 

 

 

 

 

Université d’Alger I Benyoucef BENKHEDDA

Faculté de Médecine

Département de Médecine

Troisième année

Module de Parasitologie-Mycologie

MALASSEZIOSES

I.DÉFINITION

Les malassezioses sont des mycoses superficielles dues à une levure du genre Malassezia.

II.AGENT PATHOGÈNE

Règne Fungi (Champignons)
Division Basidiomycota (Basidiomycètes)
Genre Malassezia
Espèces caprae, cuniculi, dermatis, equina, furfur, globosa, japonica, nana, obtusa, pachydermatis,

restricta, slooffiae, sympodialis et yamatoensis

Les Malassezia sont levures kératinophiles, lipophiles et ou lipo-dépendantes commensales et pathogènes opportunistes.

Il existe plusieurs espèces mais la plus fréquemment isolée est Malssezia furfur.

Elles sont responsables chez l’Homme d’affections cutanées et rarement d’infections systémiques.

III.FACTEURS FAVORISANTS

  • Physiologiques : peau grasse, transpiration, malnutrition, stress, influence hormonale et grossesse.
  • Climatiques : chaleur et humidité.
  • Vestimentaires : port de vêtements occlusifs de nature synthétique.
  • Iatrogènes : cosmétiques gras, contraceptifs oraux, corticothérapie prolongée et traitements immunosuppresseurs.
  • Pathologiques : hypercorticisme et anomalies immunitaires.

IV.RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Cosmopolites.

V.ÉTUDE CLINIQUE

1.Pityriasis versicolor

Épidermomycose fréquente, bénigne et souvent récidivante, siégeant au niveau du cou, du tronc et des membres supérieurs. Elle se présente sous deux formes :

  • formes typiques ou hyperpigmentées : macules squameuses non érythémateuses de couleur beige à brun ;
  • formes achromiantes ou hypopigmentées : taches cutanées maculaires ou nummulaires peu squameuses et totalement dépigmentées.

2.Dermite séborrhéique

Se présente sous forme de lésions érythémato-squameuses prurigineuses, localisées dans les territoires cutanés riches en glandes sébacées (sillons naso-géniens, sourcils et région inter- sourcilière, pavillon auriculaire et lisière du cuir chevelu).

Chez le nourrisson, les lésions sont localisées au niveau du cuir chevelu et des fesses sous forme de squames grasses appelées croutes de lait.

3.Pityriasis capitis

Dermite séborrhéique du cuir chevelu (état pelliculaire).

4.Folliculites

Caractérisées par des lésions pustuleuses et papuleuses s’accompagnant d’une inflammation périfolliculaire et d’un prurit plus ou moins intense, siégeant au niveau des épaules, du tronc et du dos.

5.Infections systémiques

Surviennent surtout chez les patients immunodéprimés et les enfants prématurés, le plus souvent sous perfusion de lipides, sous nutrition parentérale ou sous dialyse péritonéale ou suite à une colonisation du cathéter.

VI.DIAGNOSTIC DU LABORATOIRE

  • Examen des lésions sous la lampe de Wood qui donne une fluorescence vert jaunâtre.
  • Prélèvement : squames par grattage ou par scotch-test cutané.
  • Examen direct : mise en évidence de levures arrondies ou ovoïdes bourgeonnantes disposées en amas ou en grappes de raisin associées ou non à un pseudo-mycélium.
  • Culture : sur milieu Sabouraud + Actidione + Chloramphénicol + Huile d’olive pour identifier l’espèce, mais n’est pas indispensable.

VII.TRAITEMENTS

  • Décapage de la peau par brossage, savonnage et application d’une solution détergente, d’un gel nettoyant moussant, d’une solution d’ammonium quaternaire ou d’une solution d’acide salicylique.
  • Sulfure de sélénium (Selsun®) comme antifongique local.
  • Kétoconazole (Kétoderm®) en pommade, lotion, gel moussant ou spray.
  • Fluconazole (Triflucan®) contre les formes étendues et résistantes.
  • Amphotéricine B (Fungizone®) contre les infections systémiques avec suppression de l’alimentation lipidique et du cathéter.

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