Roumani_s Physiology

CONTROLE SUPRASPINAL DES REFLEXES MEDULLAIRES

A-Introduction

– Les réflexes médullaires sont sujets à une régulation à des fins différentes. Certaines servent à maintenir la posture, d’autres à potentialiser le mouvement réflexe. Ces régulations sont de deux types :

    • Régulation spinale : qui peut être segmentaire, comme dans le cas de l’inhibition réciproque de Sherrington (voir cours « contrôle spinal des réflexes médullaires ») ou inter-segmentaire, comme dans le mécanisme de la marche.
    • Régulation supra-spinale : dépendant des structures supra-médullaires (donc de l’encéphale).

– Dans des conditions physiologiques normales, l’influence de l’encéphale sur la moelle est FACILITATRICE ou INHIBITRICE. Ces deux actions sont en constant ÉQUILIBRE. Toute violation de cet équilibre conduit à un dysfonctionnement des voies réflexes aboutissant à une hypotonie ou à une hypertonie.

– Ces mécanismes de contrôle ont été étudiés par des expériences de stimulation/section.

B-Spinalisation

1-Définition :

– La spinalisation consiste en une section de la moelle au niveau de sa jonction avec le tronc cérébral, afin de faire disparaitre toute liaison et tout contrôle de l’encéphale. Il en résulte ce que l’on appelle un animal spinal, utilisé notamment lors des recherches sur les réflexes médullaires et sur l’autonomie de la moelle épinière.

– Comme il a été démontré par Sherrington, la moelle épinière est un centre nerveux autonome à part entière. Elle n’a, en théorie, pas besoin d’intervention de l’encéphale pour mener à bien sa fonction réflexe. Or, nous allons voir que les centres supérieurs exercent un certain contrôle sur les réflexes médullaires.

2-Effets immédiats :

– Immédiatement après une spinalisation, l’on assiste à un phénomène bien spécifique, LE CHOC SPINAL. C’est un état pathologique qui se caractérise par une ARÉFLEXIE et une ATONIE MUSCULAIRE.

– La durée et la gravité des symptômes dépendent de l’importance de l’encéphale chez l’espèce animale. Pour l’homme par exemple, le choc spinal dure entre 6 semaines et 3 mois.

3-Cause :

– Le choc spinal est dû à une suppression brutale des influx supraspinaux facilitateurs. En effet, il existe certains faisceaux descendants, comme le faisceau réticulo-spinal médian, qui FACILITENT (potentialisent) les réflexes et le tonus musculaire.

4-Récupération :

– La moelle reprend peu à peu ses fonctions réflexes de manière autonome PROGRESSIVEMENT. On a réapparition d’abord des réflexes de flexion (réflexes ipsilatéraux de flexion dus à une stimulation douloureuse) et ensuite des réflexes d’extension (réflexes myotatiques).

– Chez l’homme, le choc spinal dure autour de 6 semaines et suit les phases suivantes :

1-Période d’activité lente de Babinsky :

– Durant cette période, une stimulation très faible induit une réponse réflexe ample et diffuse. Les réflexes évoluent comme il suit :

      • Apparition d’un signe de Babinsky : à l’état physiologique, lorsque l’on stimule la plante des pieds avec une pointe mousse, l’on note une flexion des orteils (réflexe marqué chez les nouveau-nés notamment). Lors d’un signe de Babinsky, il se produit plutôt une extension des orteils et surtout de l’hallux. Ce signe est pathognomonique (caractéristique…) d’une atteinte du faisceau pyramidal.
      • Apparition d’un réflexe de retrait de jambe par triple flexion : par flexion de la cheville, du genou et de la hanche, de façon brusque et rapide, suite à une stimulation douloureuse.
      • Apparition d’un réflexe d’extension croisé : lors d’un réflexe ipsilatéral de flexion, l’on note une hyper- extension du membre controlatéral.
      • Apparition d’un réflexe de masse : suite à une stimulation nociceptive cutanée, par exemple, l’on note une contraction ou un relâchement de muscles qui n’ont aucun lien apparent avec la stimulation et touchant surtout les sphincters striés. Cela conduit le plus souvent à des incontinences fécales et incontinences urinaires.

2-Réapparition des réflexes myotatiques : Ces derniers seront très vifs.

3-Activité d’extension statique : A partir du 6e mois, l’on note une contraction presque permanente (tonique) des muscles extenseurs.

C-Décérébration

1-Définition :

– La décérébration consiste en la rupture de toute liaison entre le cerveau et les structures sous-jacentes (comprenez : tronc cérébral et moelle épinière). La section peut se faire à deux niveaux :

    • Section intercolliculaire : entre les tubercules quadrijumeaux, en rouge.
    • Section transrubrique : à travers le noyau rouge du mésencéphale, ou en-dessous de lui, en noir.

2-Rigidité de décérébration :

– L’animal décérébré souffre de ce que l’on appelle une rigidité de décérébration. C’est un ensemble de signes neuromusculaires dus à une absence de contrôle des fonctions médullaires. Elle est caractérisée par :

• Une hypertonie des muscles extenseurs.

• Des réflexes myotatiques vifs.

• Une dépression des réflexes de flexion.

– En cas de décérébration, le corps apparait hypertonique, avec les muscles extenseurs totalement tendus. Il est généralement cambré vers l’arrière, la nuque contractée, la tête vers le haut, les poings fermés et les bras le long du tronc. Les jambes sont le plus souvent jointes et les pieds rétrofléchis.

3-Caractère et mécanisme de la rigidité :

– Cette rigidité est due, comme expliqué précédemment, à une absence de contrôle sur les fonctions médullaires. Ce contrôle se fait notamment sur les motoneurones γ. En effet, la décérébration induit une exagération du tonus des muscles antigravitaires par hyperactivité de ces motoneurones.

– Rappel : Parmi les moyens de contrôles spinaux des réflexes médullaires, il y a la boucle gamma. En plus de son innervation sensitive, le fuseau neuromusculaire possède une innervation motrice par le biais de motoneurones γ de petit diamètre, sous contrôle supraspinal. Ces neurones stimulent la contraction des extrémités des fibres intrafusoriales, causant l’étirement de la partie centrale. Les fibres Ia seront ainsi excitées et, par action réflexe, stimulent les motoneurones α assurant la contraction des fibres extrafusoriales. Cela permet de maintenir à tout moment une contraction « basale », ou encore un état de facilitation des motoneurones α. C’est le principe du tonus musculaire.

-Cet état spasmodique peut être atténué de façon chirurgicale ou médicamenteuse :

• Par action centrale :

    • Rhizotomie : section de la racine dorsale.
    • Valium : décontractant musculaire par action sur les nerfs du SNC.

• Par action périphérique :

    • Neurotomie : section du nerf moteur qui assure l’innervation motrice du muscle spastique.
    • Dantrium : myorelaxant à action directe.

4-Déterminisme de la rigidité :

– La décérébration induit un déséquilibre entre les influences facilitatrices et inhibitrices et ce au profit des facilitatrices, d’où cette rigidité caractéristique de la décérébration. Il a été déduit suite à cela, que les structures inhibitrices se situent dans le tronc cérébral. Cela a bien été mis en évidence par les expériences de sections étagées du névraxe chez le chat, effectuées par Magoun et Rhynes.

CC : cortex cérébral, NR : noyau rouge, VL : noyau vestibulaire latéral de Deiters, FR + : formation réticulée stimulatrice pontine.

-L’on remarque dans le schéma ci-dessus (page 44) que la section de décérébration abolit les influences inhibitrices et maintient les influences excitatrices, expliquant ainsi une dernière fois, et de façon claire, la rigidité observée. Par contre, en cas de décortication (section plus crâniale du névraxe), il y a une atteinte des voies motrices extrapyramidales qui sont sous la dépendance des noyaux gris de la base. Le patient a une position caractéristique dite en flexion : coudes et poignets fléchis, bras le long du tronc, membres inférieurs en extension.

D-Différentes voies descendantes

1-Système latéral :

– EXCLU par la décérébration. Ses faisceaux contrôlent les muscles DISTAUX :

    • Faisceau rubro-spinal.
    • Faisceau cortico-réticulo-spinal (réticulo-spinal bulbaire inhibiteur).

2-Système médian :

– ÉPARGNÉ par la décérébration. Ses faisceaux contrôlent les muscles PROXIMO-AXIAUX :

    • Faisceau vestibulo-spinal latéral de Deiters.
    • Faisceau réticulo-spinal pontin facilitateur.
    • Faisceau tecto-spinal (en provenance des tubercules quadrijumeaux).

 

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