Roumani_s Physiology

RACINES RACHIDIENNES

A-Introduction :

– La communication entre la moelle épinière et la périphérie se fait par le biais de 31 paires de nerfs rachidiens répartis selon le schéma ci-contre :

• 8 paires de nerfs cervicaux.

• 12 paires de nerfs thoraciques.

• 5 paires de nerfs lombaires.

• 5 paires de nerfs sacraux.

• 1 paire de nerfs coccygiens.

– Chaque nerf rachidien possède deux racines :

    • Une racine ventrale (antérieure) : dont le corps cellulaire se trouve dans la substance grise de la moelle épinière.
    • Une racine dorsale (postérieure) : dont le corps cellulaire est situé dans le ganglion rachidien.

– En outre, les études de Bell et Magendie en 1822 (expériences de sections des racines rachidiennes) et les études de Waller en 1852 sur la dégénérescence neuronale ont permis de mettre en évidence un principe fondamental de la conduction rachidienne : la distribution métamérique des racines rachidiennes.

R! La distribution métamérique des racines rachidiennes est un principe selon lequel chaque racine rachidienne assure l’innervation tant sensitive que motrice d’une région spécifique du corps humain. L’on dit que les racines rachidiennes possèdent une dualité fonctionnelle.

B-Principe de dualité fonctionnelle :

1-Expérience de section et stimulation de Bell et Magendie :

– Chez un animal spinal (animal dont les liaisons entre la moelle épinière et les centres supérieurs ont été rompues), l’on procède à une section des racines rachidiennes puis à des stimulations successives à différents endroits. Les résultats des stimulations sont les suivants :

 

– Bell et Magendie sont parvenus suite à cela à poser des lois de conduction des racines rachidiennes :

• La racine ventrale conduit les influx des parties centrales du système nerveux vers les muscles → elle est dite EFFERENTE et MOTRICE.

La racine dorsale conduit les influx de la périphérie vers les centres du névraxe → elle est dite AFFERENTE et SENSITIVE.

2-Etude des dégénérescences wallériennes :

– La loi de la dégénérescence wallérienne stipule que tout prolongement nerveux séparé du corps cellulaire dont il dépend dégénère. Cette règle est applicable à tous les neurones du corps humain.

– Ce principe est également applicable au niveau des racines rachidiennes. En effet, Waller a procédé à des sections des racines rachidiennes, puis du nerf spinal, et a observé la répartition et la direction des fibres dégénérescentes. Il en a conclu que :

• Le corps cellulaire des racines postérieures se trouve dans LE GANGLION SPINAL.

• Le corps cellulaire des racines antérieures se trouve dans LA MOELLE.

R! Le neurone situé dans le ganglion spinal est un neurone en T dit « pseudo unipolaire ». A la sortie du ganglion, leur axone bifurque. Il possède une branche périphérique qui se termine dans la peau ou les muscles, et une branche centrale qui se termine dans la moelle épinière.

3-Cas de la sensibilité récurrente :

– Le cas de sensibilité récurrente a été étudié par Magendie en 1847 et fait exception aux lois de Bell-Magendie. En effet, lorsqu’il a sectionné la racine ventrale d’une moelle d’un animal spinal puis a stimulé son bout périphérique, il a constaté une sensation de douleur chez l’animal, or il avait été établi quelques années auparavant que les fibres de la racine ventrale étaient EFFERENTES et MOTRICES.

– Ceci s’explique simplement par le fait que la racine dorsale envoie des fibres dites « récurrentes » dans la racine ventrale pour assurer son innervation sensitive.

R! Il est à noter que la section du nerf rachidien induit la disparition de la sensation de douleur à la stimulation.

C-Notion de métamérie :

Comme expliqué précédemment, la distribution métamérique des racines rachidiennes est un principe selon lequel chaque racine rachidienne assure l’innervation tant sensitive que motrice d’une région spécifique du corps humain. L’on définit un métamère comme la correspondance entre la racine rachidienne et la zone correspondante.

La métamérie a deux aspects :

• Racine rachidienne dorsale (sensitive) ← → territoire cutané : DERMATOME.

• Racine rachidienne ventrale (motrice) ← → territoire musculaire : CHAMP RADICULAIRE MOTEUR.

1-Innervation radiculaire sensitive « dermatome » :

– La notion de dermatome a été démontrée par deux méthodes :

    • Méthode de sensibilité persistante de Sherrington : elle consiste en la section de six racines rachidiennes, trois au- dessus et trois en-dessous de la zone à étudier.
    • Méthode d’hyperesthésie à la strychnine : par augmentation de la sensibilité de la zone à étudier.

– Suite à ces deux méthodes, il a été conclu que chaque racine rachidienne assure l’innervation sensitive d’une zone en bande que l’on a appelée dermatome.

R! La strychnine est une molécule dérivée de fruit du vomiquier, originaire de Chine notamment. C’est un puissant stimulateur du SNC connu pour accroitre les sensations (gout, odorat, toucher…). Il est mortel à fortes doses et peut causer des spasmes, des convulsions, jusqu’à l’asphyxie et l’arrêt cardiaque.

– Il est à noter que les dermatomes adjacents se chevauchent sur une petite surface.

– Chez l’homme, la topographie radiculaire sensitive a été établie grâce à des déductions anatomo-cliniques mais aussi et surtout grâce à des constatations neurochirurgicales. Une carte des dermatomes a été mise en place :

Clinique : Le ZONA est une infection des ganglions spinaux causée par un virus (le même que celui de la varicelle). Il se transmet vers la périphérie causant l’apparition de vésicules et de douleurs dans le dermatome innervé par la racine dorsale atteinte.

2-Innervation radiculaire motrice « champs radiculaires moteurs » :

– La section d’une racine rachidienne antérieure n’est pas suivie d’une paralysie nette. En effet, une racine innerve plusieurs muscles et chaque muscle est innervé par plusieurs racines.

Les champs radiculaires moteurs désignent l’ensemble des muscles innervés par une racine motrice. Afin de les délimiter, il faut pratiquer des sections pluri-radiculaires à différents niveaux.

Clinique : Une RADICULOPATHIE est une atteinte des muscles innervés par la (ou les) racine(s) nerveuse(s) lésée(s). Elle se caractérise à l’électroneuromyogramme par la présence de signes de dénervation au niveau du territoire musculaire innervé par la racine lésée. Une atteinte de L5 va léser les muscles jambier antérieur et moyen fessier par exemple.

D-Composition des racines rachidiennes

1-Racines postérieures :

– Au niveau de la jonction entre la racine rachidienne et la moelle, les fibres afférentes ont une disposition particulière :

    • Les fibres Aδ et C s’organisent en position VENTRO-LATERALE. Elles sont spécialisées dans la sensibilité thermique non douloureuse).
    • Les fibres Aαβ s’organisent en position DORSO-MEDIANE. Elles sont spécialisées dans la sensibilité tactile épicritique (précises…) et la sensibilité proprioceptive consciente et inconsciente.

2-Racines antérieures :

– Elles sont formées par :

    • Des fibres larges (2/3) : ce sont des fibres myélinisées à conduction rapide. Elles innervent le muscle strié squelettique et représentent les motoneurones α.
    • Des fibres étroites (1/3) : ce sont des fibres myélinisées de petit calibre à conduction lente. Elles représentent les motoneurones γ destinés aux FNM et les fibres pré-ganglionnaires du SNA.

→ A noter que l’on trouve également les fibres sensitives récurrentes provenant de la racine dorsale .

E-Pour résumer :

    • Les racines rachidiennes sont des moyens de jonction entre le SNC et la périphérie.
    • Leurs études ont démontré que :
      • Les racines dorsales : sont afférentes et sensitives, leurs corps cellulaires se trouvent dans le ganglion spinal et contiennent des fibres Aαβ, Aδ et C.
      • Les racines ventrales : sont efférentes et motrices, leurs corps cellulaires se trouvent dans la matière grise de la moelle et contiennent des fibres larges (motoneurones α) et des fibres étroites (motoneurone γ…).
    • Les racines rachidiennes obéissent au principe de dualité fonctionnelle : elles assurent l’innervation tant sensitive que motrice des parties du corps.
    • Elles possèdent également un caractère métamérique : chaque racine rachidienne innerve une zone spécifique en bande du corps humain.

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