sérine bouzouaoui

LES RACINES RACHIDIENNES

I-Introduction

Trente et une paires de nerfs spinaux (rachidiens) contenant chacun des milliers de neurofibres émergent de la moelle épinière et innervent toutes les parties du corps, à l’exception de la tête et de certaines régions du cou. Tous ces nerfs sont mixtes.

Les nerfs spinaux sont nommés d’après leur point d’émergence de la moelle épinière, et comprennent :

    • 8 paires de nerfs cervicaux ( C1 à C8 )
    • 12 paires de nerfs thoraciques ( T1 à T12 )
    • 5 paires de nerfs lombaires ( L1 à L5 )
    • 5 paires de nerfs sacraux ( S1 à S5 )
    • 1 paire de minuscules nerfs coccygiens ( Co1 ), absente chez 5% d’individus.

Chaque nerf spinal est relié à la moelle épinière par une racine dorsale et une racine ventrale (chaque racine est composée d’une série de filets radiculaires qui s’attachent, sur toute la longueur, au segment correspondant de la moelle épinière.

  • Une racine antérieure (ventrale) : renferme des neurofibres motrices (efférentes) dont le corps cellulaire est situé dans la moelle, et les axones se rendent jusqu’aux muscles squelettiques.
  • Une racine postérieure (dorsale) : renferme des neurofibres sensitives (afférentes) dont le corps cellulaire est situé dans le ganglion rachidien (spinal).

Les deux racines se réunissent au niveau du trou de conjugaison, en aval du ganglion spinal pour former le nerf rachidien.

II-Dualité fonctionnelle des racines rachidiennes antérieure et postérieure

1.Expériences de section et de stimulation, Expériences de Bell et Magendie :

Chez un animal spinal, il est procédé à une section des racines rachidiennes, les stimuler et observer les effets de ces stimulations.

Section de la / Stimulation du Racine antérieure Racine postérieure
Bout périphérique +
Bout central (Spinal) − : pas de réaction + : contraction du muscle innervé
Conclusion Efférente (médulllifuge) Afférente (médullipète)

Lois de BELL et MAGENDIE

  • La racine antérieure conduit les influx des parties centrales du SN vers les muscles, elle est efférente et motrice.
  • La racine postérieure conduit les influx de la périphérie vers les centres du névraxe, elle est afférente et sensitive.

2.Étude des dégénérescence wallériennes :

Les lois de la dégénérescence wallériennes enseignent que tout prolongement nerveux séparé du corps de

neurone dont il dépend dégénère, alors qu’il reste vivant dans le cas contraire.

    • Le prolongement de la RV sectionnée va dégénérer en direction du muscle innervé.
    • De même pour la section de la RD par exemple, en dedans du ganglion spinal, va entrainer une dégénérescence des fibres qui pénètrent dans la moelle, là encore, dans le sens de la conduction des messages afférents.

Conclusion :

le corps cellulaire des racines postérieures sensitives se trouve dans le ganglion spinal le corps cellulaire des racines antérieures motrices se trouve dans la moelle

3.Exception apparente : Cas de la sensibilité récurrente :

Elle résulte d’une disposition anatomique particulière, qui assure la sensibilité des racines ventrales. En 1822, Magendie avait constaté que le pincement de la racine antérieure motrice provoque des réactions douloureuses, elle est confirmée par les faits expérimentaux suivants :

Section de la RA Stimulation du bout central Pas de douleur.
Stimulation du bout périphérique Douleur !
Section de la RP ou du nerf de conjugaison Stimulation de la RA Pas de douleur.

III.Caractère métamérique de l’innervation radiculaire :

Chaque racine innerve un territoire corporel précis.

On appelle métamère, la correspondance entre racine rachidienne et une partie du corps. Les 2 aspects de la métamérie :

  • Racine rachidienne (branche sensitive) → territoire cutané
  • Racine rachidienne (branche motrice) → territoire musculaire

A.Racine Dorsale – Innervation radiculaire sensitive – Notion du Dermatome :

Méthode de détermination :

    • La principale méthode est la technique de la sensibilité persistante (Sherrington) : Section 6 racines postérieures : 3 racines postérieures au-dessus et 3 au-dessous d’une zone dont on veut étudier la sensibilité.
    • Une autre méthode qui est la Strychnine (hyperesthésie de la zone d’innervation d’une racine postérieure)
    • Résultat : chaque racine tient sous sa tendance la sensibilité d’une zone en bande appelé dermatome.

Définition :

C’est un territoire cutané innervé par une seule racine postérieure.

Les dermatomes adjacents se chevauchent.

La Topographie radiculaire sensitive chez l’homme a été établit par déductions anatomocliniques et des constatations neurochirurgicales aboutissant à une : Carte des dermatomes. On désigne le dermatome par le numéro de la racine cervicale, dorsale, lombaire ou sacrée qui l’innerve principalement.

Application clinique :

Le ZONA est une maladie infectieuse causée par un virus qui attaque préférentiellement le ganglion rachidien et se transmet vers la périphérie en donnant des vésicules et douleurs dans la zone cutanée innervée par la racine postérieure atteinte.

B.Racine Ventrale – Innervation radiculaire motrice – Champs radiculaires moteurs :

Méthode de détermination :

    • La section d’une seule racine antérieure chez l’animal ou l’homme n’est pas suivi de paralysie nette.
    • La comparaison des muscles paralysés par les sections pluri-radiculaires à différents niveaux permet de déduire les champs radiculaires moteurs.

Définition :

L’ensemble des muscles innervés par une racine motrice constitue un champ radiculaire moteur. Le plus souvent un même muscle est innervé par plusieurs racines et souvent une même racine envoie des fibres à des muscles de fonctions très différentes. Exemple : La racine L5 innerve les muscles jambier antérieur et le moyen fessier…

Applications cliniques

Radiculopathies : atteinte des muscles innervés par la ou les racines lésées.

A l’électroneuromyographie (ENMG): présence de signe de dénervation au niveau du territoire musculaire de la racine lésée.

IV-Composition des racines rachidiennes :

RACINES POSTERIEURES
Fibres Position Diamètre Vitesse Myéline Localisation
Aαβ dorso-

médiane

Large

(6-20 mm)

Rapide

( 30-120 m/s)

OUI Récepteurs mécaniques de bas seuil
Ventro

latérale

Petit (1-5 mm) Moyennement lente

(4-30 m/s)

OUI
  • Nocicepteurs mécaniques de haut seuil
  • Nocicepteur pour le froid
  • Nocicepteur polymodaux
C Petit (0.3- 1.5mm) Plus lente (0.4-2 m/s) NON
  • Nocicepteurs mécaniques.
  • Récepteurs thermiques cutanés : au chaud et au froid non nocifs
  • Nocipteurs polymodaux : cutanés, musculaire et articulaires ( IV ).
  • Afférences viscérales.

RACINES ANTERIEURES
Fibres Diamètre Vitesse Myéline Localisation
larges

(2/3)

8 à 18 µ rapide OUI – muscle strié squelettique : motoneurone α
Etroites

(1/3)

petit

(3 à 8 µ)

lente OUI
  • fibres destinées aux FNM (motoneurone ɣ)
  • fibres efférentes végétatives pré- ganglionnaires.

Il existe aussi des fibres afférentes sensitives, récurrentes, aberrantes dans les racines

antérieures motrices.

V-Conclusion

Les racines rachidiennes assimilées à des conducteurs qui relient la périphérie à la moelle épinière, ont été étudiées par des techniques de section, stimulation et enregistrement de leur activité électrique démontrant ainsi la dualité fonctionnelle des racines antérieures et postérieures, ces dernières présentent une distribution métamérique (territoires sensitifs ou moteurs), cela a permis de comprendre leur signification physiologique.

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