Sérine bouzouaoui algies

LES ALGIES CRÂNIO-FACIALES

Introduction :

Les algies crânio-faciales comprennent :

  • Les algies crâniennes localisées au niveau de la boîte crânienne encore appelées céphalées qui sont les plus fréquentes
  • Les algies faciales localisées au niveau de la face.

Rappel des dispositifs sensibles du crâne et de la face :

Les structures sensibles endocrâniennes Les structures sensibles exocrâniennes
  • La dure-mère (base du crâne) et les vaisseaux méningés.
  • Les gros troncs artériels
  • Les sinus veineux.
  • L’œil
  • L’oreille moyenne
  • La mastoïde
  • Les dents
  • Les muqueuses buccale, nasale, sinusale, du conduit auditif externe.
  • Le revêtement cutané.
Il est à noter que l’encéphale et les autres tuniques

méningées ne sont pas sensibles.

Les voies de la sensibilité :

Territoire d’innervation sensitive du V :

D’une façon générale, le nerf trijumeau est la voie principale de la sensibilité douloureuse de la tête.

Structures endocrâniennes Structures exocrâniennes
Situées au-dessus de la tente du cervelet.
  • Les téguments de la face
  • Les muqueuses buccale, nasale et sinusale.
  • Les dents
  • Le conduit auditif externe
  • Les cavités orbitaires
  • L’articulation temporo-maxillaire.
  • L’artère temporale superficielle.

Une anomalie de ces structures va se traduire soit par des douleurs faciales, soit par de céphalées qui correspondent à une douleur projetée dans la moitié antérieure du crâne réalisant une céphalée frontale, temporale ou pariétale.

Territoire d’innervation sensitive du IX, du X et des deux premières racines cervicales :

Structures endocrâniennes Structures exocrâniennes
Situées au-dessous de la tente du cervelet.
  • Les premières articulations vertébrales
  • Les muscles cervicaux
  • L’oreille moyenne
  • La mastoïde
  • L’artère occipitale
  • L’artère vertébrale.

Une anomalie de ces structures va se traduire uniquement par des céphalées qui correspondent à une douleur projetée dans la moitié postérieure du crâne prédominant dans la région occipitale.

Physio-pathologie des algies crânio-faciales :

Plusieurs mécanismes peuvent être à l’origine des algies crânio-faciales.

Une souffrance des structures sensibles du crâne :

  • Cette souffrance peut être à type de distorsion vasculaire par un processus tumoral ou une inflammation de ces structures.
  • Par exemple : la méningite et la sinusite.
  • Ces mécanismes permettent d’individualiser les algies crânio-faciales symptomatiques.

Une vaso-dilatation :

  • Responsable des migraines et algies vasculaires de la face.
  • Ces troubles vaso-moteurs apparaissent par crises qui débutent par une vaso-constriction responsable de

l’aura migraineuse, suivie par une vaso-dilatation qui correspond cliniquement à la phase douloureuse.

Une origine psychique :

Les algies crânio-faciales peuvent être d’origine psychiques, ce sont les céphalées psychogènes dont l’exemple le plus typique est la céphalée par tension douloureuse des muscles.

Sans cause décelable :

Enfin, ces algies peuvent apparaître sans cause décelable, c’est le cas de la névralgie essentielle du trijumeau.

Étude sémiologique :

Elle doit être centrée sur l’interrogatoire, c’est de lui dont dépend la compréhension du symptôme et l’orientation étiologique précise qui va conditionner l’attitude pratique : rassurer le malade et le traiter ou entreprendre des investigations complémentaires spécialisées.

L’interrogatoire va préciser les caractères suivants de la douleur :

Le siège Le type L’évolution dans le temps
  • Localisé ou diffus
  • Fixe ou changeant
  • Douleur de la face ou du crâne (céphalée) antérieure ou postérieure.
  • Pulsatile
  • Constrictive (casque ou étau)
  • Sensation de tension

(crampe musculaire)

  • Sensation de décharge

électrique.

  • Permanente
  • Paroxystique : évoluant par crise douloureuse.
Les facteurs déclenchants Les antécédents
  • Facteurs mécaniques : toux, effort, variations thermiques ; éclairement, attention visuelle.
  • Facteurs digestifs.
  • Facteurs psychologiques : émotion.
  • Traumatisme crânien
  • Notion familiale.

L’interrogatoire devra être complété par trois gestes indispensables devant toute algie crânio-faciale :

  • Un examen neurologique.
  • Un fond d’œil (FO).
  • La prise systématique de la tension artérielle.

Les différents types d’algies crânio-faciales :

Nous envisagerons successivement :

    • Les algies crânio-faciales vasculaires
    • Les algies crânio-faciales symptomatiques
    • Les céphalées psychogènes.
    • La névralgie essentielle du trijumeau

Les algies crânio-faciales vasculaires :

Elles ont pour point commun d’évoluer par crise paroxystique.

Elles comprennent :

  • Les algies crâniennes vasculaires : migraines.

. La migraine simple.

. La migraine accompagnée.

. La migraine compliquée.

  • Les algies faciales vasculaires.

Les algies crânio-faciales symptomatiques :

  • Les algies crâniales symptomatiques
  • Les agies faciales symptomatiques

Les céphalées psychogènes :

  • Les psychalgies ou cénesthopathies
  • Les céphalées par tension musculaire

La névralgie essentielle du trijumeau.

       1.Les algies crânio-faciales vasculaires :

            1.1Les algies crâniennes vasculaires ou migraines :

Elles sont les plus fréquentes et se définissent comme :

  • Une affection familiale
  • Caractérisée par des accès répétitifs de céphalées.
  • Ces céphalées sont très variables dans leur intensité, leur fréquence et leur durée.
  • Ces accès sont habituellement unilatéraux.
  • Généralement associés à des vomissements ou des nausées.
  • Parfois, ils succèdent ou s’associent à des troubles de l’humeur ou à des perturbations neurologiques.

Les variétés de migraine :

                   1 .1.1. La migraine simple :

C’est la variété la plus fréquente.

Les prodromes :

    • Les prodromes sont fréquents
    • Ce sont, le plus souvent, des modifications de l’humeur la veille au soir : instabilité, tendance dépressive et agitation hypomaniaque.

La crise migraineuse : réalise une céphalée ayant les caractères suivants :

Horaire de

survenue

  • Le matin au réveil.
  • Au cours de la journée.
Topographie
  • Classiquement unilatérale réalisant une hémicrânie
  • De siège habituellement temporal (mais en fait c’est variable d’une maladie à l’autre).
  • Des irradiations sont fréquentes à l’autre côté de la tête.
Type Le plus souvent pulsatile
Intensité Habituellement intense, aggravée par l’activité, la lumière et le bruit
Signes associés Signes digestifs
  • Des nausées constantes
  • Accompagnées de vomissements dans 2⁄3 des cas
Troubles vasomoteurs
  • Rougeur de la face
  • Hyperhémie conjonctivale réalisant la migraine rouge. Ou,
  • Pâleur intense réalisant la migraine blanche.
Évolution de la crise
  • La céphalée s’accentue rapidement et atteint son maximum en 2 à 3 heures.
  • Elle reste stable par la suite pendant un temps variable.
  • Elle cède progressivement après le sommeil, marquée par une crise polyurique.

                          1.1.2.La migraine accompagnée

        • Ici, la céphalée est précédée ou accompagnée d’une « aura ».
        • L’aura constitué un dysfonctionnement cérébral focal transitoire intéressant :la vision, la sensibilité ou le langage.
La migraine avec aura ophtalmique
  • C’est la plus fréquente des migraines accompagnées.
  • Elle est précédée d’une aura visuelle évoluant en deux phases :
Première phase Deuxième phase
Scotome scintillant Scotome anopsique ou scotome aveugle
  • Point très lumineux qui débute au centre de la vision
  • Il s’étend ensuite par un seul de ses côtés vers la périphérie.
  • Il est présent les yeux ouverts et les yeux

fermés.

  • Il succède au scotome scintillant en suivant la même progression.
  • Le trouble visuel intéresse les deux yeux de façon identique.

Autre migraine accompagnée : Avec aura sensitive

Impression d’engourdissement :

  • Débutant à la main
  • Atteignant le membre supérieur
  • L’hémiface et l’hémilangue avec dysarthrie.
  • Les symptômes durent 20 minutes
  • La céphalée quant à elle, s’installe controlatérale à l’aura en 30 à 60 minutes.
  • Elle dure 1 à 2heures et disparaît progressivement.

                              1.1.3.La migraine compliquée :

Migraine hémiplégique :

        • Caractérisée par un déficit hémiplégique qui dure 5 à 60 minutes
        • Suivi par l’apparition de la céphalée.

Migraine ophtalmoplégique :

        • La céphalée inaugure l’accès, elle est orbitaire, unilatérale.
        • Quelques heures à quelques jours après le début de la céphalée, la paralysie oculaire apparaît.
        • Elle est homolatérale et intéresse le nerf oculomoteur commun (le III)
        • Elle régresse en 01 à 04 semaines.

                      1.2.Algie faciale vasculaire :

  • Ou « Cluster headache » : mal de tête en salves (par périodes).
  • Se voit surtout chez l’homme jeune
  • Ce mal de tête évolue par crises ou accès.

Ces crises présentent les caractères suivants :

Mode de début
  • Brutal.
  • La douleur est d’emblée intense.
  • Elle atteint son maximum au bout de quelques minutes.
Siège

(Strictement unilatérale)

  • Oculaire
  • Rétro-oculaire
  • Péri-oculaire
Elle peut rester localisée ou s’étendre du même côté touchant : font, tempe et maxillaire supérieur. – Elle peut toucher l’ensemble de l’hémiextrémité céphalique dépassant ainsi le territoire du V.
Type
  • Douleur vive à type de brûlure.
  • De transpercement
  • De déchirement
  • D’écrasement.
Durée et évolution
  • 3o minutes en moyenne.
  • Le sujet présente en moyenne 1 à 3 accès par jour.
  • Pendant des périodes de quelques semaines (2 à 8 semaines).
Signes accompagnateurs

(Homolatéraux)

  • Rougeur intense de l’hémiface.
  • Injection conjonctivale avec larmoiement.
  • Obstruction nasale avec catarrhe.
  • Syndrome de Claude Bernard Horner avec myosis et ptosis

      2.Les algies crânio-faciales symptomatiques :

              2.1Les algies faciales symptomatiques :

                    2.1.1Algies faciales de causes locales :

        • Oculaire : Glaucome.
        • Sinusale : sinusite.
        • Dentaire : pulpite
        • Osseuse.

                    2.1.2Algies faciales symptomatiques d’une lésion du V :

Âge Elle peut survenir à tout âge
Siège N’importe quelle branche du trijumeau
Évolution
  • Par accès douloureux moins nets.
  • Ces accès surviennent sur un fond douloureux permanent
  • La douleur n’est pas périodique
  • La douleur est chronique.
  • Elle ne respecte pas le sommeil.
  • On ne retrouve pas de zone gâchette.
  • Elle n’est pas extensive.
Signes neurologiques

accompagnateurs

  • Hypoesthésie du V (abolition du réflexe cornéen).
  • Atteinte du V moteur.
  • Autres signes neurologiques.
Les causes

(Lésions du V)

  • Lésions du tronc cérébral : sclérose en plaques.
  • Tumeur de l’angle ponto-cérébelleux.
  • Zona du ganglion de Gasser.
  • Lésion des branches du V par cancer du nasopharynx.

          2.2Les céphalées symptomatiques :

              2.2.1Douleur projetée :

        • Oculaire : Glaucome ou baisse de l’acuité visuelle
        • Sinusale : Sinusite

              2.2.2Causes neurologiques :

Mécanismes Étiologies
– Inflammation ou irritation des méninges
  • Les méningites
  • Les hémorragies méningées.
– HTIC – Tumeurs cérébrales (le FO montre un

œdème papillaire)1

– Post-traumatismes crâniens – Traumatisme crânien.

               2.2.3Causes vasculaires :

        • Au cours de l’artérite temporale de Horton.
        • L’ATH atteint le sujet âgé de 70 ans.
        • Elle va se manifester par des céphalées importantes temporo-occipitales.
        • L’examen clinique montre des artères temporales épaissies, non pulsatiles.

                2.2.4Causes générales :

        • HTA.
        • Anémie.
  • Polyglobulie.
  • Hypoxie et hypercapnie.

D’où l’importance devant toute céphalée de pratiquer un examen neurologique, de prendre systématiquement la TA et de faire un FO.

1 Dans ces deux cas, les céphalées sont accompagnées de vomissements faciles en fusée.

    3.Les céphalées psychogènes :

Elles sont de loin les plus fréquentes des algies crânio-faciales.

        3.1Les psychalgies ou cénesthopathies :

      • Elles ne répondent à aucune description sémiologique précise.
      • On retrouve le plus souvent un facteur déclenchant psychoaffectif et une personnalité particulière :

angoisse et troubles de l’humeur et du comportement.

         3.2Les céphalées par tension musculaire :

Ce sont des douleurs permanentes, plus marquées le matin, diminuant en fin de journée.

      • Siège : en casque, bifrontale, occipitale parfois cervicale.
      • Elles réalisent une douleur superficielle.
      • Cette douleur peut être réveillée par la pression des régions pariétales ou des muscles cervicaux.
      • Comme elle peut être accentuée par les efforts d’attention intellectuelle.
      • Ces céphalées sont dues à une tension anormale des muscles paravertébraux d’origine psychogène.
      • Elles sont parfois favorisées par une anomalie organique en particulier l’arthrose vertébrale et les troubles visuels.

    4.Névralgie essentielle du trijumeau ou tic douloureux de Trousseau :

Elle se voit surtout chez la femme entre 50 et 55 ans. Il s’agit d’une douleur discontinue évoluant par paroxysme ou accès ou éclairs qui possède les caractères suivants :

Siège unilatéral Mais pouvant se bilatéraliser (douleur extensive) Intéressant le plus souvent une seule branche du V :

  • Surtout la branche maxillaire supérieure (lèvre supérieure, aile du nez, gencive supérieure)
  • Parfois la branche maxillaire inférieure (gencive inférieure, menton),
  • Beaucoup plus rarement la branche ophtalmique
  • Parfois d’emblée deux branches.
Type
  • Secousse électrique
  • Coup de couteau
  • Broiement
  • Arrachement : c’est une douleur effroyable.
Durée
  • Quelques secondes : 10 à 15.
  • Quelques minutes : 01 à 02.
Évolution
  • Plusieurs accès se répètent en quelques minutes à quelques heures
  • Ces accès sont séparés par des périodes qui durent quelques jours à plusieurs semaines.
  • Elle respecte le sommeil.
Facteurs déclenchants
  • La parole
  • La mastication (d’où gêne à l’alimentation)
  • L’effleurement de la zone gâchette ou « trigger zone » qui est une zone limitée

appartenant au territoire de la douleur.

Manifestations

motrices

  • Tressaillement musculaire
  • Spasme d’où le nom de tic douloureux de la face.
Phénomènes vasomoteurs
  • Ils sont discrets
  • Rougeur
  • Larmoiement
L’examen neurologique est normal

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