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SIDA et Parasitoses /Mycoses

I- Définitions et généralités :

1- Définition :

Les organismes opportunistes se définissent comme étant « Des organismes à l’affût de tout facteur pouvant permettre l’éclosion et la pérennisation de leur pouvoir pathogène ».

Ils se comportent comme des parasites lorsqu’ils évoluent sur un terrain fragilisé par un état d’immunodépression, et sont donc non pathogène au départ pour le sujet Immunocompétant (Exemple des coccidies). Ils peuvent cependant être parfois pathogènes chez le sujet sain mais en cas d’immunodépression des formes graves vont apparaître (Exemple de la leishmaniose ou de la toxoplasmose).

2- Facteurs favorisants :

C’est le plus souvent dû à des états d’immunodépressions durables et profondes :

  • VIH et SIDA.
  • Cancers et leucémies.
  • Chimiothérapie lourde.
  • Greffe de moelle (Du fait du traitement immunosuppresseur).
  • Transplantation d’organes (Rein en Algérie).
  • Neutropénie (Mycoses ++).
  • Immunosuppresseurs et corticothérapie.
  • Antibiothérapie.

Certains de ces opportunistes sont révélateurs du SIDA, ce sont des marqueurs :

  • Pneumocystis jirovecii. (1er marqueur du SIDA).
  • Cryptococcus neoformans.
  • Coccidioses (Cryptosporidium parvum ++).
  • Microsporidies.

Ils servent aussi comme contrôle thérapeutique.

3- Principales parasitoses et mycoses :

A- Parasitoses :

  • Toxoplasmoses.
  • Leishmaniose : Leishmaniose cutanée, cutanéomuqueuse et viscérale.
  • Trypanosomose : Africaine (Maladie du sommeil) et Américaine (Maladie de Chagas).
  • Coccidioses : Cryptosporidiose, Isosporose, Sarcocystose, Cyclosporose.
  • Blastocystose.
  • Babébiose.
  • Paludisme.
  • Giardiose.
  • Anguillulose.
  • Amœbose.

B- Mycoses :

  • Pneumocystose.
  • Cryptococcose.
  • Candidose.
  • Microsporidiose.
  • Mycoses dimorphiques.

II- SIDA et parasitoses :

1- Toxoplasmose :

Elle est due à un protozoaire, sporozoaire, Toxoplasma gondii. Une de ses complications importantes chez l’immunodéprimé est la toxoplasmose cérébrale. La toxoplasmose peut être due à une réactivation d’une toxoplasmose acquise (Présence de kystes au niveau des muscles, de la rétine, ou d’autres organes).

  • Clinique :
  • Encéphalopathie toxoplasmique : Encéphalite diffuse évoluant vers le coma. Elle apparaît quand le taux de CD4 varie entre 100 à 200 elts/mm3, et peut prendre une forme pseudo-tumorale avec crises comitiales, troubles de la conscience etc… Les anticorps sont augmentés au départ.
  • Toxoplasmose pulmonaire : On note une fièvre, une toux sèche avec détresse respiratoire. Elle apparaît quand le taux de CD4 est inférieur à 50 elt/mm3, et on note une augmentation des lactates déshydragénases (LDH).
  • Localisation oculaire : Chorio-rétinite.
  • Diagnostic :
  • Tomodensitométrie : Abcès uniques ou multiples.
  • Téléthorax : Normal, ou peut montrer un syndrome interstitiel.
  • Sérologie : Au niveau du LCR, le taux des anticorps doit être égal à 4 fois le taux sérique. Au niveau de l’humeur aqueuse, il doit être le double. Le taux des anticorps plasmatiques diminue par la suite.
  • Examen direct : Différents prélèvement sont possibles : LBA, LCR, biopsies, humeur aqueuse, sang… On peut par la suite utiliser la PCR ou la culture cellulaire.
  • Traitement : Fansidar (Pyriméthamine + Sulfadiazine).
  • Prévention : Sulfaméthoxazole + Triméthoprime (Co-trimoxazole = Bactrim) chez les greffés surtout.

2- Leishmaniose :

A- Leishmaniose viscérale :

Elle est due à Leishmania infantum (Plusieurs zymodèmes : MON1, MON 183…).

  • Clinique :
  • Fièvre isolée rebelle aux antibiotiques.
  • Splénomégalie.
  • Formes atypiques : Signes cutanés, atteintes digestives et pulmonaires (Pneumopathie ou pleurésie).
  • Diagnostic :
  • Orientation : Pancytopénie.
  • Prélèvement : Ponction de moelle osseuse (++), sang, LBA, liquide pleural, biopsies (Poumon, plèvre, foie, ganglion, tube digestif).
  • Examen direct.
  • Sérologie.
  • Culture.
  • Traitement : Ambisome (Amphotéricine B liposomale), ou à défaut le glucantime.

B- Leishmaniose cutanée :

Due à Leishmaniose major ou autres espèces.

  • Clinique : Prend un aspect diffus, les malades ont tendance à développer une leishmaniose viscérale d’emblée (On dit qu’elle se « Viscéralise). On retrouve aussi des lésions papuleuses généralisées.
  • Traitement : Idem que la leishmaniose viscérale.

3- Trypanosomose :

La trypanosomose américaine (Maladie de Chagas) est due à Trypanosoma cruzi, la trypanosomose africaine (Maladie du sommeil) quant à elle est due à Trypanosoma brucei gambiense et Trypanosoma brucei rhodesiense. Nous nous concentrerons sur la 1ère pathologie.

  • Clinique :
  • Méningo-encéphalite diffuse, formes nerveuses pseudo-tumorale (Chagome cérébral).
  • Convulsions.
  • Myocardite.
  • Symptomatologie digestive (Douleurs abdominales diffuses).
  • Manifestations génitales.
  • Leucémie.
  • Méga-organe.
  • Diagnostic :
  • Direct : Les prélèvements sont le sang, le LCR, les biopsies
  • Examen indirect.
  • Culture.
  • Traitement : Nifurtimox (Lampit), Allopurinol.

Elle peut nécessiter des greffes d’organes (Moelle, cœur, rein…).

4- Cryptosporidiose :

C’est une coccidiose intestinale due principalement à Cryptosporidium parvum, plus rarement à Cryptosporidium hominis. C’est un protozoaire de l’embranchement des sporozoaires de la classe des coccidies. Cryptosporidium parvum est retrouvé chez les animaux (Veaux, rongeurs, chats, chiens) qui jouent le rôle de réservoir. La transmission se fait par l’intermédiaire des oocystes.

  • Clinique :
  • Localisation intestinale : Diarrhée profuse au long cours avec malabsorption, malnutrition et troubles hydro-éléctrlytiques pouvant entraîner la mort. On note une anorexie, des vomissements, douleurs abdominale, une fièvre…
  • Autres localisation : Respiratoire, sinusienne, laryngée (Laryngite), pancréatique, cholécystite…
  • Diagnostic :
  • CD4 < 100 elt/mm3.
  • Prélèvements : Selles, liquide jéjunal, bile, LBA…
  • Examen direct : Coloration au Ziehl Nelson.
  • Traitement : Paromomycine, Nitazoxanide.

5- Autres coccidioses :

Elles sont toutes traitées à l’aide du co-trimoxazole (Bactrim).

  • Isosporose : Due à Isospora belli, la contamination se fait via les oocystes. Elle se manifeste par des diarrhées sévères avec fièvre, nausées, vomissements… Entraînant un syndrome de malabsorption avec déshydratation.
  • Sarcocystose : Due à Sarcocystis bovihominis et Sarcocystis suihominis. Elle se manifeste par des diarrhées.
  • Cyclosporose : Due à Cyclospora cayetanensis, la contamination se fait par l’intermédiaire des oocystes. Elle se manifeste par des nausées, vomissements, douleurs abdominales, fièvre…

6- Autres parasitoses :

  • Blastocystose : Due à Blastocystis hominis, elle se manifeste par une diarrhée fébrile, douleur abodminales nausées… Le diagnostic est fait en objectivant la présence de kystes dans les selles. Elle est traitée par le métronidazole (Flagyl).
  • Paludisme : Due à Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, Plasmodium knowlesi, Plasmodium malariae et Plasmodium simium (Nouvelle espèce qui est passée du singe à l’homme).
  • Babébiose : Babesia divergens.
  • Anguillulose : Strongyloïdes stercoralis.
  • Amoebiose.

III- SIDA et mycoses :

1- Pneumocystose :

C’est une mycose due à Pneumocystis jirovecii, apparaissant quand le taux de CD4 est inférieur à 200 elt/mm3.

  • Clinique :
  • Une fièvre modérée à 40°C.
  • Une asthénie avec amaigrissement.
  • Une toux sèche avec dyspnée à l’effort.
  • Au stade tardif : Insuffisance respiratoire aiguë avec hypoxémie.
  • Diagnostic :
  • On note une augmentation des LDH.
  • Radiologie : Opacités pulmonaire inertielles et alvéolaires diffuses sont corrélées à une mortalité supérieure à 30%.
  • Examen direct : Recherche des kystes après coloration au Gomori-Grocott, Giemsa… Sur le LBA ou les crachats induits.
  • Immunofluorescence directe.
  • PCR.
  • Traitement : Bactrim fort.

2- Cryptococcose :

Mycose due à Cryptococcus neoformans à tropisme neuro-méningé, c’est un marqueur d’immunodépression apparaissant quand le taux de CD4 < 100 elts/mm3.

  • Clinique : Dissémination fréquente :
  • SNC : Céphalées, nausées, vomissements, raideurs de la nuque, troubles neuropsychiques, hypertension intracrânienne
  • Poumon : Toux productive.
  • Peau : Lésions papuleuses acnéiformes, ulcérations au niveau de la peau du visage et des muqueuses.
  • Dissémination hématogène avec septicémie.
  • Diagnostic :
  • Prélèvement : LCR ou autres liquides biologiques.
  • Examen direct : Coloration à l’encre de chine dilué au 1/3, la levure apparaît entourée d’un halo clair sur fond noir.
  • Examen indirect : Recherche des anticorps circulants.
  • Culture.
  • Inoculation à l’animal.
  • Traitement : Amphotéricine B + 5-Fluorocytosine.

3- Candidose :

Fréquente chez les sidéens (90%), elle se manifeste par un muguet diffus avec oesophagite et glossite, récidivant et résistant au traitement. La présence de dysphagie, pyrosis et brûlure au passage des aliments est de mauvais pronostic. Les lésions peuvent s’étendre à l’estomac, intestin, colon avec atteinte systémique.

  • Diagnostic :
  • Examen direct : Sur biopsies et prélèvement biologiques.
  • Examen indirect.
  • Culture : Permet d’identifier l’espèce mis en cause (En général plusieurs).
  • Traitement : Nystatine, Amphotéricine B, Vfend, Diflucan, Triflucan, Caspofungine (Cancidas)… En fonction de l’antifongigramme.

4- Microsporidiose :

La transmission se fait via les spores, elle est due à Enterocytozoon bieneusi et Encephalitozoon intestinalis. Elle se manifeste par des diarrhées sans fièvre avec déshydratation. Quand le taux de CD4 est inférieur à 50mm3, on peut retrouver :

  • Kératite et chorio-rétinite.
  • Péritonite.
  • Méningoencéphalite.
  • Hépatite fulminante, cholestase.
  • Atteinte pulmonaire.
  • Sinusite.
  • Diagnostic :
  • Prélèvement : Selles, LCR, biopsies (Foie, rein, surrénale, cœur, nasopharynx…).
  • Examen direct : Coloration des spores au trichrome de weber/Giemsa.
  • Immunofluorescence direct.
  • Traitement : Itraconazole, albendazole, métronidazole…

5- Mycoses due aux champignons dimorphiques :

Ce sont des maladies émergentes et réemergentes.

  • Zones d’endémie : USA, Amérique latine, Afrique noire, Asie du Sud-Est et centrale…
  • Champignons mis en cause :
  • Penicillium marneffei (Remarque en + : Sa nomenclature a changée).
  • Histoplasma capsulatum (Variété capsulatum et variété duboisii) : Responsable de l’histoplasmose américaine et africaine.
  • Coccidioides immitis : Responsable de la maladie du désert.
  • Paracoccidioides brasiliensis : Responsable de la blastomycose sud-américaine (Encore appelée Maladie de Lutz ou Blastomycose brésilienne).
  • Blastomyces dermatitidis : Responsable de la Blastomycose nord-Américaine (Ou Blastomycose tout court).

IV- Bibliographie :

SIDA et parasitoses, SIDA et mycoses, du Pr.Hamrioui.

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